De la glace coule dans les veines de ce poisson d’Antarctique

Pour éviter que son sang ne congèle, il est pourvu de protéines antigel qui empêchent aussi les cristaux de glace de fondre en été.
Les protéines antigel protègent les cellules des poissons des effets de la congélation. Elles se lient aux germes de cristaux de glace qui se forment dans le plasma et les empêchent de s’accumuler.
On en trouve dans le sang de nombreux poissons vivant dans les eaux glacées de l’Arctique ou de l’océan Austral comme les notothenioides ou poisson-antarctiques. Mais cette protection contre les grands froids n’est pas sans effets secondaires : les cristaux de glace emprisonnés par l’antigel ne fondent plus, même quand l’eau se réchauffe.

Comme l’amiante dans les poumons ou des caillots dans le cerveau.
Il existe cinq familles de notothenioides vivant dans les eaux froides de l’Antarctique. Ces poissons sont adaptés à vivre à des températures corporelles qui descendent parfois à -6 °C grâce à leurs protéines antigel dont les scientifiques ont découvert l’existence dans les années 1960.
Mais en analysant le sang de certains poissons durant l’été, les scientifiques de l’université de l’Orégon et de l’Illinois ont remarqué la présence de cristaux alors que la température corporelle des poissons était supérieure au point de fusion de la glace.
La glace qui ne fond pas à son point de fusion normal est dite « surchauffée » : « Notre découverte pourrait bien être le premier exemple de glace surchauffée dans la nature » explique Christina Cheng, une des auteures de l’étude parue dans les PNAS.
COMPROMIS. Un suivi des poissons durant l’été a montré que de nombreux spécimens sauvages possédaient des cristaux de glace dans le sang alors qu’ils nageaient dans des eaux plutôt chaudes. Les analyses ont montré que c’est la liaison avec les protéines antigel qui empêchait les germes de glace de fondre.

L’adaptation est une histoire de compromis. Chaque bonne innovation évolutive vient probablement avec quelques conséquences inattendues » estime Paul Cziko, qui a participé aux recherches.
Les chercheurs soupçonnent que l’accumulation de glace à l’intérieur des poissons puisse avoir des conséquences physiologiques néfastes, mais aucune n’a encore été détectée. « Il est concevable que des particules de glace bouchent les petits vaisseaux capillaires ou déclenchent des réactions inflammatoires indésirables » souligne Christina Cheng.

« C’est un peu similaire à la menace créée par la présence d’amiante dans les poumons ou de caillots sanguins dans le cerveau » ajoute Paul Cziko. À moins que les poissons ne possèdent une sorte d’usine où les cristaux de glace sont éliminés : il pourrait s’agir de la rate qui draine une grande partie de la glace circulante. Pour pouvoir l’avoir, il faut désormais poursuivre les recherches…

(Source : sciencetavenir.fr)

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