Goodeid’s vibrations …

Le numéro de mars-avril 2022 de la revue américaine AMAZONAS ( à consommer sans modération ! ) fait la part belle aux poissons de la famille des Goodeidae. Ces poissons sont rares dans le commerce aquariophile, mis à part quelques espèces. La famille se subdivise en deux sous-familles très différentes.

La première est celle des Goodeinae, connus des anglo-saxons sous le nom commun de « splitfins ». Ceux-ci proviennent des rivières et des mares de zones plus ou moins boisées du centre du Mexique. Il s’agit de vrais poissons vivipares. On trouve de temps à autre quelques espèces dans le commerce aquariophile : citons Ameca splendens et Xenotoca eiseni. Mais méfiance : ces poissons n’ont pas toujours bon caractère et peuvent se montrer agressifs vis-à-vis des autres occupants du bac.

L’autre sous-famille, celle des Empetrichthynae, est encore plus méconnue. Ovipares, ils nous viennent du sud-ouest des Etats-Unis, plus précisément des quelques mares et sources présentes dans des régions parfois désertiques, au Nevada par exemple.

Quasi tous ces poissons sont gravement menacés dans leurs habitats et plusieurs espèces ont déjà disparus. La faute en est évidemment au réchauffement climatique, qui réduit les surfaces aquatiques disponibles et bien entendu à l’activité humaine directe : assèchement des plans d’eau au profit de l’agriculture, déforestation, pollution par les eaux usées et les déchets, …

Plus même, certaines espèces n’existent déjà plus dans la nature et l’on ne doit qu’à des scientifiques et des aquariophiles passionnés d’encore pouvoir en trouver sur la planète, dans des aquariums. Mettons en exergue les efforts d’associations comme celle des aquariophiles autrichiens qui ont équipé un bâtiment dédié à la conservation d’espèces de poissons disparus de la nature, notamment des espèces de Betta. L’ICAIF tente également d’inciter les aquariophiles à suivre cette démarche.

Ces efforts commencent heureusement à être couronnés de succès et on relate de ci de là des exemples de réintroductions réussies d’espèces disparues dans la nature suite à des reproductions et des élevages de spécimens en captivité.

Pour les Goodeinae, le numéro d’AMAZONAS dont question relate à ce sujet l’expérience réussie avec Skiffia francesae. Sur le même sujet, et pour un succès également avec un autre Goodeinae ( Zoogoneticus tequila ), je vous renvoie aux numéros 157 et 166 d’AQUAFAUNA.

Et pour plus d’explications sur l’implication générale d’aquariophiles dans les projets de listes de maintenance, n’oubliez pas de (re)lire les numéros 160, 161 et 162 ( les listes de maintenance de l’EATA ).

On n’insistera en effet jamais assez sur l’importance, pour les aquariophiles, de s’impliquer dans de tels projets : il en va de la crédibilité et même de la survie de notre hobby à un moment où il est de plus en plus souvent montré du doigt par les antispécistes et autres défenseurs intransigeants du bien-être animal, qui réclament jusqu’à l’interdiction de la conservation de l’immense majorité des poissons en aquarium, et même des aquariums publics. Il nous appartient de démontrer notre sérieux et notre volonté de contribuer au maintien de la diversité biologique tout en garantissant un haut degré de bien-être pour nos pensionnaires.

Alain HOUTAIN