(Traduit de l’allemand par R. Allgayer Fédération Française d’Aquariophilie)
Avons-nous encore besoin de fédérations ?
Par le docteur Anton Lamboj De la Fédération autrichienne ÖVVÖ
Depuis quelque temps, je suis continuellement confronté, dans des conversations et autres discussions, lorsqu’il s’agit des associations, mais plus encore lorsqu’il s’agit de fédérations à la question suivante : sont-elles vraiment nécessaires ?
Ma réponse est simple : OUI !
Pourquoi suis-je de cet avis ?
Si je regarde les développements des dernières décennies dans le monde animalier, quels que soient les animaux, alors je remarque en particulier trois choses pour lesquelles il y a eu des développements ou des changements extrêmement importants :
- la situation légale ;
- des atteintes ou des attitudes néfastes de la part des protecteurs des animaux ou des associations radicales défendant le droit animalier ;
- la disparition massive des espèces dans la Nature.
Je vais donc développer, dans le détail, ces trois aspects.
*La situation réglementaire
Notre passion est aujourd’hui envahie et influencée par une marée de lois en augmentation constante concernant tant la protection des espèces, la protection des animaux au sens strict ou encore la réglementation sur les transports et ceci dans une mesure telle que, pour une personne lambda, il est presque impossible de comprendre et d’interpréter correctement les textes.
C’est ici que les fédérations actives peuvent – non doivent – devenir plus fortes.
Des informations correctes et actualisées doivent être réalisées et communiquées. Dans ce contexte, l’aide de spécialistes doit parfois être demandée afin d’apporter des explications et des informations, qui, dans une fédération, doivent être beaucoup plus pertinentes que dans une petite association.
Les lois ne doivent ou ne devraient pas être tout simplement adoptées du fait qu’elles sont proposées. Elles doivent être sensées et correspondre à un besoin réel.
Cela peut et doit signifier que les textes doivent être applicables et adaptés au savoir. Les lois ne peuvent pas enfreindre d’autres lois, être contre les bases communes d’un système constitutionnel, être contre la démocratie, être contre l’égalité. Les lois ne doivent pas être statiques, elles doivent être adaptées à l’époque actuelle.
Mais dans le domaine de la protection des animaux, de nombreuses lacunes peuvent être reconnues.
Justement, dans les deux dernières décennies, les connaissances sur la maintenance des animaux a considérablement augmenté, mais l’ensemble de la législation européenne ne prend pas ces faits en considération. Il est souhaitable que le législateur soit contacté, conseillé, soutenu et invité à faire des modifications.
Dans la plus part des cas, le législateur est un ministère. Il n’accepte pas des individus ou un petit groupe, souvent local, comme partenaire de discussion. Il sera peu enclin ou pas prêt à communiquer avec des individus même en grand nombre.
Il est donc sensé qu’une organisation regroupe, traite et prépare les thèmes puis apparaisse comme interlocuteur.
Cette organisation doit être fortement représentée avec de nombreux adhérents, avec des références sur la compétence professionnelle et les gens qui la représentent.
Elle doit non seulement avoir des compétences régionales, mais également nationales.
Dans une grande organisation, il est plus facile de trouver des gens très compétents dans leur domaine et qui sont reconnus comme tels à l’extérieur de cette organisation.
Dans notre hobby, ce sont avant tout les biologistes et les vétérinaires.
Enfin, il serait utile et judicieux d’intégrer ou de s’attacher, dans cette organisation, une personne ayant une formation juridique qui pourra dispenser son savoir.
Attention : il ne s’agit ici pas seulement de savoir, ce que chacun peut s’approprier en principe et avec lequel il expose un thème. Il faut aussi que ce savoir s’exporte et soit « vendable ». Exprimé différemment, un menuisier ayant les plus grandes compétences mondiales dans le domaine de la maintenance et la reproduction n’aura pas autant de succès, vis-à-vis de l’administration et ses fonctionnaires, qu’un biologiste ou un vétérinaire.
*Problèmes avec les protecteurs des animaux et les légalistes animaliers
Les protecteurs et légalistes animaliers ont depuis longtemps compris des choses que nous avons nous encore à apprendre et à transposer.
Un nombre important de personnes est nécessaire pour imposer une idée ainsi qu’un bon marketing. Beaucoup de personnes, dans une fédération forte, ont plus de sens qu’un petit club. Une association a plus de sens qu’un individu. 2 000 personnes dans une fédération font plus d’effets que les 500 d’un club. Plus on est, meilleur c’est !
La plus grande erreur que nous commettons dans notre hobby est le peu de participation aux réunions etc.
C’est l’association de beaucoup de personnes, qui nous rend fort. Seul ou en petit groupe, nous passons beaucoup trop inaperçus. Nous n’avons pas accès aux médias, nous n’avons pas d’effet sur le public et nous ne sommes que peu perceptibles politiquement.
Afin d’être perceptible, il faut devenir plus actif. Les actes, les performances et les actions doivent être présentés afin qu’ils puissent être perçus par un maximum de gens. « Faire du bruit » ! Donc de la publicité et du marketing. Cela se passe trop rarement.
Il est terrible que la reproduction difficile d’une espèce rare, menacée ou même éteinte en milieu naturel ne soit pas utilisée d’une manière plus efficiente et que nos succès ne soient pas utilisés d’une façon plus « bruyante ».
Parfois, nous sommes encore tellement stupides que certains d’entre nous se terrent dans l’ombre afin de se faire remarquer le moins possible. Cette attitude peut faire du tort à notre passion, laissant entrevoir un sentiment de honte consécutif à la pratique d’un hobby qui serait considéré incorrect. Alors, nous donnons nous même, à un adversaire potentiel, l’arme qui se retournera contre nous. Nous nous cachons, ce qui est fondamentalement inefficace.
Les protecteurs des animaux émettent souvent des affirmations fausses sur les animaux, eux-mêmes mentent souvent afin de s’attribuer un succès.
Que faisons-nous contre ? En petit comité, nous discutons parfois sur ce non-sens qui est propagé par des organisations de protection des animaux. Mais qui va vers le public et dit « C’est faux » ou « C’est un mensonge » ? Quand démasquons-nous les protecteurs des animaux, quand nous défendrons – nous enfin ?
Certaines personnes, à titre individuel, essaient dans des cas exceptionnels, mais ils sont trop faibles face à l’industrie des médias de la protection de la nature.’
Ici, nous avons besoin d’une organisation forte, qui sait à quel moment il faut diffuser une communication au public, qui se confectionne un centre de communication où plusieurs personnes travaillent ensemble. Ce « point presse », avec nos experts et nos spécialistes, doit savoir où et quand les annonces doivent être publiées mais aussi communiquer avec des éléments bien préparés, bref « vendables ». Si nous apprenons à faire plus de bruit (tapage), à mieux démontrer et le faire distinctement, alors nous serons professionnels.
*La perte des espèces
Nous savons que le nombre d’espèces diminue drastiquement dans la Nature. Beaucoup d’entre nous élèvent et reproduisent ces espèces en danger.
Il manque du marketing et de la communication sur ces reproductions.
Beaucoup d’entre nous élèvent et reproduisent ces espèces à titre individuel et d’une façon solitaire.
Il manque des banques d’espèces et une large diffusion des informations.
Il manque un début de réalisation d’un large pool génétique.
Il manque une coordination et des volontaires dans les fédérations.
Il manque une certaine coopération avec des institutions scientifiques ou publiques tels les zoos et aquariums publics, etc., mais aussi le marketing correspondant.
Que faisons-nous contre la disparition des espèces, combien d’espèces sont maintenues et échangées grâce à la reproduction.
Tout cela est plus facilement réalisable dans une grande organisation où les résultats seront plus efficients et prospères pour le futur. Seule une grande organisation peut ou doit s’attacher des spécialistes qui dans certaines situations peuvent coordonner correctement les différents contacts et donner finalement une activité médiatique afin de transmettre au public.
*Mes conclusions
Je pourrais ici encore aborder beaucoup d’autres thèmes, certains pour des associations, d’autres pour les grandes fédérations.
Mais ce qui me semble encore important à évoquer c’est que nous devons être conscients qu’une personne seule ou un petit groupe n’ont pas le moindre pouvoir et n’ont aucune chance.
C’est le siècle des lobbys, seul celui qui a ou se construit un lobby a vraiment toutes les chances de faire bouger les choses.
Les associations et les grandes fédérations sont importantes, elles ne datent pas d’hier, mais elles doivent correspondre à leur temps. Ce que les associations et les personnes doivent comprendre, c’est que le temps des maintenances « romantiques » et non réglementées est terminé. À ce sujet, il y a eu des mutations dans notre hobby.
Le temps des « fonctionnaires » d’association ou de fédération est également terminé pour celui qui ne recherche que la représentation, l’honneur ou la reconnaissance, et qui peut-être (dans le pire des cas) ne tient qu’à s’entourer d’une cour afin de briller et s’attirer la gloire.
Nous vivons dans le 21è siècle. Aujourd’hui, dans les fédérations, il ne doit y avoir que des gens actifs et qui travaillent avec du savoir, de la compétence et de l’énergie pour leurs adhérents, pour leur hobby. Mais finalement aussi pour le maintien des espèces animales pour lesquelles nous investissons beaucoup de temps et d’argent (dans un ordre de grandeur, qui ne pourra jamais être investi par des organismes publics ou scientifiques), permettant ainsi leur survie sur cette terre.
Pour que cela fonctionne dans une bonne coopération, il faut une grande organisation.