En Tasmanie, des plongeurs ont eu une belle surprise en découvrant une nouvelle population de poissons dotés de mains, figurant parmi les poissons les plus rares au monde.
Thymichthys politus ne manque pas de surprendre : ce poisson rouge, endémique de la Tasmanie est doté de mains qui lui permettent de circuler sur le plancher océanique. C’est aussi l’un des poissons les plus rares au monde. Pourtant, une équipe de plongeurs de l’Institut d’études marines et antarctiques (IMAS) associé au programme de sciences participatives Reef Live Survey (RLS) vient de découvrir une nouvelle population de cette étrange créature marine.
L’un des poissons les plus rares au monde
Quatorze espèces de ces poissons à mains peuvent être trouvées dans les eaux du Sud-Est de la Tasmanie. Ce petit animal, coloré et sédentaire, n’est pas particulièrement doué pour nager sur de longues distances. Au lieu de cela, il utilise ses nageoires pour arpenter le plancher océanique, couvrant un territoire pas plus grand que deux courts de tennis.
Jusqu’à présent, une seule population de Thymichthys politus avait pu être identifiée, dénombrant de 20 à 40 individus, ce qui le place parmi les poissons les plus rares au monde. Après avoir reçu le témoignage d’un baigneur affirmant avoir repéré un spécimen dans une zone différente, les plongeurs se sont donc rendus sur place et ont eu une belle surprise en découvrant un nouveau groupe, d’environ 20 à 40 individus lui aussi.
« Nous avions prévu de plonger durant trois heures et demi, et au bout de deux heures on se regardait déjà les uns les autres en nous disant que ça n’avait pas l’air très prometteur », raconte Antonia Cooper, l’une des membres de l’équipe. « La personne avec qui je plongeais est allée dire au groupe que nous allions commencer à remballer, et je fouillais les algues autour de moi sans grande conviction quand, ô merveille, j’ai trouvé un Thymichthys politus ! »
Une espèce fragile
Ce nouveau groupe réside dans une zone située à plusieurs kilomètres de la population qui avait déjà été identifiée. « C’est un grand soulagement d’avoir découvert cette seconde communauté, car elle double le nombre d’individus connus encore vivant sur Terre », explique le biologiste marin Rick Stuart-Smith de l’Université de Tasmanie.
Thymichthys politus est en danger critique. Ses œufs, qu’il pond au pied d’algues, peuvent facilement être déplacés ou endommagés par les plongeurs et le passage des bateaux. Les individus sont également menacés par leur commercialisation pour servir d’animaux de compagnie, et leur taux de reproduction et de dispersion très bas.
Ce poisson à mains n’est pas en lui-même particulièrement véloce ni apte à se défendre. « Face à un élément perturbateur, ils peuvent se projeter en avant, sur environ 50 centimètres, avant de se poser à nouveau », explique Stuart-Smith. Le reste du temps, « ils arpentent les fonds marins en se dandinant sur leurs nageoires. De fait, il est même très rare de les voir bouger« .
« Nous avons déjà appris beaucoup grâce à cette seconde population, car leur habitat est différent de celui de la première », précise Rick Stuart-Smith. « Il est rassurant de savoir que ces poissons ne dépendent pas d’un ensemble de conditions environnementales spécifiques ». Cela fait plus de 10 ans que leurs cousins, Brachiopsilus ziebelli, n’ont pas été aperçus par les scientifiques. Une telle découverte représente donc une bouffée d’espoir bienvenue.