Issu d’un croisement entre deux espèces, un poisson hybride a réussi à s’autoféconder, donnant naissance à une cinquantaine de petits poissons
AUTOFÉCONDATION. « Elle a fait un bébé toute seule« , chantait Jean-Jacques Goldman. Aujourd’hui, une étude nous renseigne sur un poisson femelle qui aurait fait une cinquantaine de petits, tout seul. Dans un rapport publié dans Royal Society Open Science, une équipe de l’Université de Hull en Angleterre atteste que, suite à des expériences d’hybridation pratiquées sur deux espèces de poissons (croisements entre des femelles Pundamilia pundamilia, petit poisson bleu et rouge, et Neochromis omnicaeruleus, deux poissons endémiques au Lac Victoria), l’un des hybrides a produit 46 poissons, bien qu’isolé dans son bocal individuel. Parmi eux, 17 sont arrivés à l’âge adulte, dont seulement 2 mâles, viables et fertiles. La mère hybride se serait ainsi « autofécondée », possédant à la fois ovaires et spermatocytes (produisant les spermatozoïdes, à l’origine de cette « autofécondation ») pour y arriver. Une constatation faite après dissection de l’animal, et analyse au microscope des cellules de ses ovaires. Autrement dit, ce poisson, monstre de laboratoire, a simplement réussi à profiter de sa malformation. Hormis le poisson-tueur de la mangrove (Kryptolebias marmoratus), aucun poisson connu n’était jusque là capable d’autofécondation. C’est pourtant un phénomène bien documenté dans le règne animal. D’une part, certains insectes et autres reptiles sont capables d’utiliser un mode de reproduction monoparentale appelée parthénogenèse. Par ce biais, une femelle peut produire des œufs sans l’intervention obligatoire d’un gamète mâle. D’autre part, l’hermaphrodisme n’est pas rare : il se retrouve, simultané, chez les plantes à fleurs, et, successif, chez plusieurs espèces animales comme le poisson clown.