La montée des eaux du lac Tanganyika a pris une allure inquiétante ces derniers jours. Des plages, des infrastructures publiques et privées, les routes, des bar-restaurants, … sont envahis. Les pertes sont énormes. Un expert en environnement propose quelques pistes de solutions pour limiter les dégâts.
Le lac Tanganyika est le deuxième lac le plus profond au monde (1 470 m), après le lac Baïkal en Sibérie. C’est le deuxième plus grand lac d’Afrique (32 900 km2) après le lac Victoria. Avant la montée des eaux de ces deux dernières années, la dernière crue exceptionnelle du lac remontait à 1963.
Les riverains du lac sont de plus en plus inquiets. La moindre goutte de pluie crée de la panique. Bujumbura et d’autres villes riveraines telle que Rumonge sont menacées. Tharcisse Ndayizeye, expert environnementaliste propose principalement deux solutions : la résilience de survie pour les cas urgents. Ici, il s’agira selon lui de délocaliser ceux qui sont les plus menacés, leur trouver provisoirement un autre endroit, les nourrir, etc. Il suggère aussi de prévoir une résilience adaptative, durable. Cela sous-entend, qu’il faut que ces gens qui vivent dans les zones à risques et qui y gagnent leur vie soient définitivement délocalisés pour être installés ailleurs. Un travail qui doit, d’après lui, être précédé par l’identification des zones à très hauts risques et potentiellement inondables.
M.Ndayizeye rappelle aussi la fonction régalienne de l’Etat. « Il faut être sensible aux risques. L’Etat peut empêcher des constructions dans des zones à risques.» Il trouve qu’il revient aux autorités d’éclairer les gens sur comment construire. Selon cet expert, on peut se permettre de dire que toute zone est constructible mais « cela dépend du genre d’ouvrage que l’on va y mettre. »
Il en appelle également à la responsabilité individuelle. « Il faut s’interroger sur notre mode de gestion des déchets et de l’espace. Ne faut-il pas prendre des dispositions pour que les constructions ne soient pas détruites après un mois, une année, etc. ? »
L’homme en est la cause
Revenant sur les facteurs à la base de ce phénomène, il indique que cela est lié à la situation géographique, à l’activité quotidienne des riverains, à la pression démographique couplée aux changements climatiques. Dans les Mirwa, il y a une forte concentration humaine avec des aménagements agraires et des constructions anarchiques. Et de préciser :« Le sol est désormais dénudé. Quand la pluie tombe, les eaux charrient des sédiments, des déchets et des quantités importantes de terres vers le lac. »
Ceci constitue une catastrophe écologique pour la population, la flore et la faune du lac.
Causes probables ayant entraîné la montée des eaux : déversement de déchets provenant des alentours, constructions trop près du lac.Les déchets accumulés au fond du lac empêchent les poissons brouteurs comme les cichlidés de se nourrir.
Cet expert indique que dans le temps, on connaissait 8 à 9 mois de précipitations. « Aujourd’hui, nous n’avons que 5 à 6 mois. Or, la quantité d’eau n’a pas changé. Plus elle est grande, plus elle charrie beaucoup d’éléments, de déchets.» Ce qui fait, selon lui, que le fond du bassin soit plein. L’eau doit donc inévitablement monter pour conquérir d’autres espaces.
La situation actuelle résulte aussi, nous dit l’expert, des effets du changement climatique. Cela veut dire que la montée des eaux du lac Tanganyika n’est pas exclusivement liée aux facteurs locaux. Il en déduit que la gestion de cette situation implique ainsi d’autres pays, des industriels étrangers. D’où d’ailleurs le principe pollueur-payeur qui a été arrêté au niveau international.